Après avoir scrupuleusement analysé les moindres détails du second rapport me voici en train de mener l’enquête, avec en tête cette question: le cruchon a-t-il pu être utilisé par un apothicaire du 16ème siècle ?
Très vite mes recherches me démontrent que cette nouvelle hypothèse est à prendre très au sérieux.
Je commence mon investigation en contactant Danièle Alexandre-Bidon, spécialiste de la question et auteur du livre Dans l’atelier de l’apothicaire. Elle m’annonce, dans un échange de mails, qu’il pourrait s’agir d’un objet pharmaceutique, idéal pour doser au goutte à goutte.
Je découvre, en parallèle, un ensemble d’objets similaires à notre artefact, retrouvés lors d’une fouille menée par J-L Odouze, et qui étaient utilisés dans un atelier de distillation d’apothicaire du 15ème siècle.
La chevrette, dont un spécimen est présenté ci-dessous, fut le pot de pharmacie par excellence, ce qui m’amène à penser que notre objet cible, similaire en taille et en forme, aurait très bien pu être détourné et utilisé comme tel dans un laboratoire de la renaissance.
Pots à onguent :
Mes recherches me conduisent également à consulter certains écrits relatifs au monde des apothicaires.
Voici deux extraits, l’un provenant d’un livre d’époque intitulé « chymie expérimentale et raisonnée » (doc 1) et l’autre d’un document nommé « Le laboratoire et les instruments de chimie, du XVIIe à la seconde moitié du XIXe siècle » (doc 2), qui stipulent qu’il était courant d’utiliser des objets en terre cuite en tous genres pour procéder à toute sorte de préparations.
Doc 1 |
Doc 2 |
Voici un croquis très révélateur réalisé par un des intuitifs tiré du rapport :
Il s’agit assurément des outils les plus emblématiques de l’activité des apothicaires : le mortier et son pilon.
Voici une série de gravures liée au monde des apothicaires de la renaissance :
A l’origine, il est fort probable que le cruchon soit un objet d’apparat prévu dans un cadre cérémoniel et qu’il n est pas été prévu pour être très fonctionnel. Mais le rapport suggère qu’il a appartenu à plusieurs personnes au cours du temps, et que sa fonction originale a été détournée au fil des usages.
Toutes ces trouvailles permettent d’affirmer que l’hypothèse d’une utilisation par un apothicaire de l’objet cible, suggérée par le rapport, est solide.
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